Plusieurs spéculations sur la vente de l’espace vert exploité par les fleuristes endossé à l’IFT (Institut Française du Tchad) circulent. Tantôt, un ancien maire l’aurait vendu à un particulier, tantôt, c’est une attribution légale de l’Etat pour sa mise en valeur.
Les différents documents en notre possession, nous permettent de situer le processus ayant abouti à l’attribution de ce terrain au Centre des Services et des Affaires Modernes (CSAM), une entreprise spécialisée dans la mécanique, l’agroalimentaire, l’entretien et la réparation des véhicules, sur l’espace vert.
En lieu et place des fleuristes, CSAM veut implanter un garage moderne et un centre de formation des jeunes-chômeurs.
Tout a commencé par une lettre du directeur général du CSAM adressée en date du 24 juin 2020, au ministre d’Etat, ministre secrétaire général de la Présidence de la République, objet de demande d’attribution de terrain, sis au quartier Rougouta Djemal, section administratif Ilot 5, avec une superficie de 4 260 mètres carré. Le 25 juin 2020, le SGP Kalzeubé Payimi Deubet transmet à son tour la demande à la ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme pour suite à donner. Le 13 juillet 2021, Mme Achta Ahmat Bremé notifie au responsable du CSAM par une correspondance portant attribution provisoire du terrain. La ministre rassure le bénéficiaire que le dossier en question sera programmé à la prochaine Commission Nationale d’Urbanisme (CNU) pour un éventuel entérinement.
Ente temps, M. Brahim Foullah, qui étaitaire 1er adjoint de la ville de N’Djaména, donne un avis d’adjudication au public le 04 août 2020, concernant le terrain en question, pour d’éventuels oppositions dans les 10 communes d’arrondissement.
En sa qualité du président de la commission de constat de mise en valeur et adjudication, Brahim Foullah signe un procès-verbal d’adjudication le 25 août pour l’attribution du lot à CESAM à la somme de 127 587 000 Fcfa avec des clauses et conditions consignées dans un cahier des charges définissant les modalités de la mise en valeur de l’espace vert.
Dans la foulée, le conservateur de la propriété foncière délivre un certificat de propriété et d’inscription hypothétique ainsi que le titre foncier n°7 711 de propriété à l’entreprise « Bargane », de M. Adam Adaw Abdelnabi, directeur de l’entreprise CSAM et enregistré au journal officiel de la République du Tchad, en décembre 2020, contre un versement immédiat de 77 millions Fcfa au trésor public.
Cependant, après une première tentative avortée pour déloger les fleuristes, en août dernier, suite à une décision de la justice, rendue en faveur de l’acquéreur M. Adam Adaw Abdelnabi, la justice signifie par un acte aux occupants de quitter le lieu.
Le vendredi 17 décembre 2021, les jardiniers ont été surpris par la présence des éléments du PSIG accompagnés d’un huissier intimant l’ordre aux occupants de libérer l’espace à son nouveau propriétaire.
Les photos et des publications relayées par les internautes sur les réseaux sociaux et les journaux en ligne ont fait grand bruit. Des décisions sont prises dans l’immédiat pour permettre aux jardiniers de conserver pour l’instant leur « terrain ».
« Monsieur Foullah est cité dans le dossier parce qu’il était président de la commission, alors que la valeur est versée dans le compte du trésor public. On a l’impression qu’on cherche des poux sur la tête de l’ancien maire », fustige une source proche du dossier. De l’autre côté, poursuit-t-il, l’entrepreneur attend soit son argent soit le terrain pour démarrer ses activités.
Pour le moment, il est difficile de situer les niveaux de responsabilités de personnes citées dans l’affaire de l’attribution de l’espace vert. « C’est une décision rendue par la justice, nous n’allons pas nous prononcer. Autrement, ça va être un acte de rébellion », coupe un responsable de la mairie centrale.