Après huit mois de transition, le Lieutenant-Colonel Paul Henri Damiba est démis de ses fonctions.
Le capitaine Ibrahim Traoré est le nouvel homme fort de Ouagadougou. Vendredi 30 septembre, en début de soirée, il a déposé le Lieutenant-Colonel Paul Henri Damiba qui avait lui-même renversé Roch March Christian Kaboré en janvier dernier. Membres du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), les nouveaux décideurs du Burkina Faso reprochent au Lieutenant-Colonel Damiba des « choix hasardeux » ayant « progressivement affaibli notre système sécuritaire ».
« Les lourdeurs administratives qui caractérisaient le régime déchu se sont aggravées sous la transition compromettant ainsi les opérations à caractère stratégique », ajoutent les militaires qui promettent de « poursuivre notre idéal commun avec l’ensemble du peuple burkinabé, à savoir la restauration de la sécurité et l’intégrité de notre territoire ».
En prenant le pouvoir, le lieutenant-Colonel Paul Henri Damiba avait promis de reprendre l’ascendant sur les groupes jihadistes qui déstabilisent depuis 2015 le nord du Burkina Faso. Une promesse qu’il a du mal à tenir malgré les bons points qu’il s’est récemment attribués en faisant le bilan de sa gestion. Mais l’ancien président de la transition n’est pas uniquement perdu par les timides résultats obtenus dans la lutte contre les jihadistes.
Faisant indirectement allusion au récent séjour, au nom de la réconciliation nationale, de Blaise Compaoré à Ouagadougou en provenance de Cote d’Ivoire où il vit en exil depuis sa chute en 2014 suite à un soulèvement populaire, les anciens camarades de Damiba lui en veulent pour avoir « posé des actes de nature à remettre en cause l’indépendance de la justice ». L’ancien président du Burkina Faso a été condamné en avril dernier par un tribunal militaire à perpétuité pour avoir participé à l’assassinat de Thomas Sankara en 1987. Les putschistes ont décidé de suspendre la Constitution, de dissoudre la charte de la transition de même que le gouvernement et l’Assemblée législatif de transition (ALT).
Parmi les premières mesures des auteurs du coup d’Etat contre le Lieutenant-Colonel Damiba figurent aussi la fermeture des frontières terrestres et aériennes pour compter du 30 septembre à 00 heure jusqu’à nouvel ordre. Ils ont aussi instauré un couvre-feu de 21 heure à 5 heures.
Les activités des partis politiques et des organisations de la société civile sont également suspendues. Cependant, le MPSR annonce des concertations « incessamment» avec « les forces vives de la nation à l’effet d’adopter une nouvelle charte de la transition et de désigner un nouveau président du Faso civil ou militaire ».
Un peu avant midi, l’ancien président de la transition, le Lieutenant-Paul Henri Damiba dont aucune information n’est donnée sur son sort, avait invité la population au « calme » et à la « prudence » face aux informations véhiculées sur les réseaux sociaux, indiquant que des « pourparlers étaient en cours » suite à un mouvement d’humeur au sein de l’armée.
Apanews.net