Le Tchad en général et le Mouvement patriotique du salut (MPS) en particulier commémorent ce 1er décembre 2024, le 34ème anniversaire de la liberté et de la démocratie.
Mais, 34 ans après l’arrivée du régime Mps au pouvoir, le Tchad vit-il réellement cette démocratie ?
Le 1er décembre 1990, le Mps, sous l’égide d’Idriss Déby, en son temps colonel, renverse le régime de Hissein Habré qui a opprimé le peuple Tchadien pendant 8 ans, de 1992 à 1990, contraignant bien de Tchadiens à l’exil.
En prenant le pouvoir, le MPS abolit la dictature et annonce la liberté aux Tchadiens par la célèbre déclaration de Idriss Déby : « je ne vous apporte ni or, ni argent mais la liberté ».
Chaque année, la journée du 1er décembre est commémorée pour se souvenir de la délivrance du peuple tchadien, du joug dictatorial et mettre en avant la liberté et d’autres principes démocratiques.
Mais, on se demande si la démocratie célébrée est-elle une réalité au Tchad ?
Avec la mise en place des institutions de la République, comme le Conseil constitutionnel, l’Assemblée nationale, la Cour suprême, l’Ange, etc, reconnues par la Constitution, le Tchad se conforme aux principes démocratiques.
Malheureusement, le fonctionnement du système en place, les évènements qui se succèdent et les différentes pratiques laissent transparaître que, même après 34 ans, cette démocratique n’est que théorique et se trouve de plus en plus dans un état de recul.
La transition militaire, puis politique intervenue après la mort du Maréchal Idriss Déby Itno, pionnier de la démocratie au Tchad, a considérablement contribué à ce recul.
Bien que les libertés fondamentales soient restreintes et les droits garantis au peuple, foulés au pied sous le règne de Déby père, l’arrivée au pouvoir de Mahamat Idriss Déby Itno, d’abord président de transition, puis de la République, a été un coup dur pour la démocratie tchadienne.
De 2021 à ce jour, les Tchadiens ne peuvent plus exprimer leurs mécontentements, quelles que soient les exactions dont ils sont victimes.
La manifestation du 20 octobre 2022 où les manifestants étaient arrêtés, torturés, déportés, et emprisonnés arbitrairement ou contraints à vivre dans la clandestinité, est un cas parmi tant d’autres.
Et puis, toutes marches, manifestations, activités ou rassemblement des partis politiques ou organisations de la société civile qui ne partagent pas la vision du pouvoir sont systématiquement interdits.
Les lois organiques relatives à l’état d’urgence, aux attroupements, aux réunions publiques et aux manifestations sur la voie publique, adoptées par le Conseil constitutionnel et promulguées par le Président de la République et la composition du futur parlement replongent le Tchad dans un parti unique. Ces lois liberticides classent le pays dans une situation de restriction des libertés au profit du pouvoir.
Ainsi, la démocratie tchadienne n’est que mythe. Elle est à remette sérieusement en cause pour être repensée.