La Cotontchad SN a lancé en décembre dernier, la campagne de commercialisation du coton au titre de campagne 2024-2025. Cette campagne reste marquée par l’opérationnalisation du nouveau prix d’achat au kilogramme qui est de 280 frs Cfa et le paiement rapide des producteurs. Murrow Issa Changéngar, en mission au sud du pays.
Le prix d’achat du coton a encore grimpé cette année et est proche d’atteindre les 300 francs appliqués dans certains pays producteurs de l’Or blanc en Afrique de l’Ouest comme le Benin ou le Mali. 280 francs Cfa est le prix fixé par le comité tripartite, composé d’Olam Agri, de l’État tchadien et de l’Union des producteurs de coton, tous, actionnaires de la Cotontchad, respectivement à 60%, 35% et 5%.
Pour la toute premiere fois au Tchad, le pays a fixé un prix incitateur qui motive plus les agriculteurs à la culture de coton au détriment d’autres cultures de rente moins valorisées. Cette augmentation significative du prix du coton au kilogramme, satisfait les producteurs qui estiment que leurs vœux sont en train d’être honorés par les actionnaires de la Cotontchad.
« Nous sommes satisfaits du nouveau prix. J’ai vendu les mêmes quantités de coton graine que l’année dernière, mais j’ai gagné plus cette année », informe Laoubate G, producteur dans le Logone occidental.
« En plus de l’augmentation du prix qui me donne la joie, nous avons été très vite payés, contrairement à l’année dernière où nous avons attendu deux mois durant avant de percevoir nos dùs », témoigne Gangnon Y, rencontré devant l’usine Cotontchad de Moundou.
« Il est vrai que le prix a augmenté, mais je souhaite qu’il soit supérieur à 300 francs car la concurrence est rude avec d’autres cultures de rente comme le sésame ou l’arachide qui captivent de plus en plus les jeunes ces dernières années.
Mais déjà je suis content du fait que nos partenaires de la Cotontchad font chaque année un peu plus en notre faveur », note un autre producteur, visiblement pressé de rattraper ses amis en route pour le village, après l’encaissement de leurs fonds.
Pour les responsables de la Cotontchad, en augmentant le prix d’achat du coton et en payant presqu’automatiquement les producteurs, le comité tripartite entend remobiliser les cotonculteurs et les motiver davantage à la culture du coton malgré les difficultés liées aux inondations et aux ennemis de culture qui zappent souvent leur moral. « L’année dernière par exemple, la grande partie des champs de coton était dans l’eau. L’inondation dans la plupart des provinces productrices n’a pas permis aux cotonniers de croitre. Cela a dangereusement affecté la production car les cotonniers ont pourri dans l’eau. Notre production a légèrement baissé », informe Ibrahim Malloum secrétaire général chargé du Commerce et de la Communication de la Cotontchad.
Ibrahim Malloum ajoute qu’en plus de l’augmentation substantielle du prix d’achat, d’autres initiatives sont entreprises pour stimuler la production. « Le traitement particulier des grands producteurs avec à la clé les avances leur permettant de vite récolter leurs champs, la mise en place rapide des facteurs de production, et la revitalisation des Associations Villageoises (AV). Notez aussi l’opérationnalité de l’usine d’égrenage de Gounou-Gaya qui permet désormais aux producteurs de cette zone d’écouler rapidement leurs productions, car ils ne vont plus attendre longtemps les camions dans les Centres d’Achat (CA) vu la proximité de l’usine », confie le secrétaire général de la Cotontchad SN.
Des producteurs engagésSalina Gansolo, trésorier de l’Union nationale des producteurs de coton (UNPCT) et grand producteur à Gaya estime que les efforts des actionnaires de la Cotontchad sont significatifs et qu’il « leur revient de se mettre au travail pour accroitre la production cotonnière ».
« Nous sommes conscients des efforts du gouvernement qui subventionne les intrants, ceux d’Olam qui met à notre disposition des nouvelles usines et des matériels agricoles, ainsi que des conseils et formations dans le domaine de production. Nous bénéficions même des voyages d’expérience dans d’autres pays. Nous allons mouiller les maillots pour augmenter la production cotonnière », dixit Salina Gansolo.
Des efforts reconnus par le maire de la ville de Gounou-Gaya, Daimé Vaissama qui souligne qu’en plus des producteurs, les demandeurs d’emplois trouvent satisfaction car les usines emploient beaucoup de personnes dans les localités où elles sont implantées, réduisant ainsi le chômage en milieu jeune. « Ici à Gounou-Gaya par exemple, nous assistons au recrutement des jeunes depuis la pose de pierre de construction de l’usine jusqu’à son opérationnalisation.
Le prix au kilogramme augmenté reste une bonne nouvelle même si des efforts reste à faire pour aider le producteur confronté à plusieurs difficultés de nos jours à vivre heureux », souligne le maire Daimé Vaïssama.
Il convient de souligner que depuis la privatisation de la Cotontchad SN, plusieurs investissements sont faits. A Moundou et Pala, la capacité d’égrenage des usines a été augmenté, Gounou-Gaya a bénéficié de deux usines d’égrenage et de délintage.
Les usines de Léré, Sarh, Koumra, Kelo et Kyabé ont reçu des révisions profondes leur permettant de s’adapter à la hausse de production. Mais, des facteurs plus exogènes qu’endogènes limitent l’explosion des tonnages du coton. Avec la nouvelle approche des responsables de la Cotontchad SN, l’objectif serait de dépasser 150.000 tonnes de coton la campagne 2025-2026.