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Tchad-France : De l’opération Manta à Epervier, le coup d’arrêt

Une partie de l’histoire commune entre le Tchad et la France vient de connaître un coup d’arrêt.

Le Tchad a annoncé, ce jeudi 28 novembre 2024, la rupture de la coopération militaire avec la France.

Après 64 ans d’indépendance et 66 ans de proclamation de la République du Tchad, les autorités tchadiennes ont jugé opportun de mettre un terme à cette coopération, qui date de plusieurs années.En effet, sous le président Ngarta Tombalbaye, la France et le Tchad ont signé un premier Accord de défense, le 15 août 1960, ainsi que ses annexes et un autre Accord d’assistance militaire technique, le 19 mai 1964.

Plusieurs autres accords de coopération bilatérale avec la France ont été signés, juste après l’indépendance.

A l’époque, l’accent avait été mis sur la création de l’Armée Nationale Tchadienne (ANT), dont le noyau est le régiment des tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST), ayant participé, entre autres, aux deux guerres mondiales et à la guerre d’Indochine.

Ce premier accord se justifiait par le processus de transition avec l’administration coloniale, qui passe la main aux autorités tchadiennes.

Après le coup d’Etat du 15 avril 1975, les militaires au pouvoir, à leur tête, le président Félix Malloum Ngakoutou Bey-ndi, ont signé un document intitulé « accord de coopération militaire technique » avec ses annexes.

Cet accord a été signé à N’Djaména, les 6 mars et 19 juin 1976, et approuvé par le Sénat français, le 22 juin 1977. Cet accord a 5 titres et 21 articles.

Les titres portent sur les personnels militaires français, la formation en France des personnels des forces armées tchadiennes, la fourniture des matériels et équipements militaires, les facilités de transit et d’escale accordées par la République du Tchad à la République française et les dispositions diverses.

Les 21 articles de l’accord déterminent les rôles des deux parties.

Par exemple, le document mentionne qu’à la demande du gouvernement de la République du Tchad, le gouvernement de la République française apporte, dans la limite de ses possibilités, un concours en personnels militaires français, qui lui sont nécessaires pour l’organisation et l’instruction des forces armées du Tchad.

Ces personnels sont mis à la disposition du Haut Commandement des forces armées tchadiennes.

Par ailleurs, le document relève que le Tchad fournit gratuitement aux coopérants militaires techniques français, des logements meublés et équipés, qui leur sont nécessaires pour eux-mêmes et pour leurs familles. «Ces logements doivent correspondre à leurs grades. Les personnels de la Coopération militaire technique française et leurs familles, d’une part, les militaires tchadiens et leurs familles, d’autre part, jouissent des organismes communs (mess, cercles, clubs, etc.), sous réserve du respect de la réglementation propre à ces organismes.

Le gouvernement de la République du Tchad dispense, dans la mesure de ses moyens, les soins médicaux et hospitaliers dont peuvent avoir besoin les personnels de la coopération militaire technique et leurs familles», note l’accord.Dans ses annexes, cet accord prévoit, aussi, un appui au fonctionnement de l’hôpital militaire de N’Djaména.

«Le personnel militaire français affecté à cet hôpital sert au titre de la Coopération militaire technique française et est soumis aux dispositions prévues par l’Accord de coopération militaire technique», éclaire le document.

Dans la seconde annexe intitulée «convention», la France et le Tchad conviennent d’un soutien logistique. La convention indique que la France peut fournir un soutien logistique aux forces armées Tchadiennes.

«La République du Tchad est responsable du soutien logistique de ses unités et en assume normalement la charge financière. La République française apporte son concours, à titre onéreux ou exceptionnellement à titre gratuit, à ce soutien par des cessions de matériels et d’équipements», peut-on lire dans le document.

Ces dispositions précisent que la dénonciation doit être notifiée par voie diplomatique, au moins six mois à l’avance.

Chacune des Parties contractantes peut demander, à tout moment, la modification d’une ou plusieurs dispositions du présent accord et l’ouverture de négociations à cet effet.

Dans son communiqué, le chef de la diplomatie tchadienne, par ailleurs, porte-parole du gouvernement, M. Abderaman Koulamallah, a rappelé que cet accord a été révisé le 5 septembre 2019. Rien ne filtre de quelles dispositions de ces accords ont été révisées en 2019.

La France est intervenue militairement au Tchad, d’abord, en 1983, par l’opération Manta, puis, depuis 1986, par l’opération Epervier, dont les militaires français sont installés à la base Adji Kossei de N’Djaména.

La capitale tchadienne a aussi servi de base à l’opération militaire française Barkhane de lutte contre le terrorisme au Sahel et au Sahara.

Adam Hassane Deyé (Le Progrès)

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