Dans une interview exclusive accordée à N’Djaména Actu, l’ancien directeur général de la compagnie aérienne Royal Airways, M. Brahim Guihini Dadi, a exposé les raisons de son départ et a dressé le bilan de son mandat à la tête de cette compagnie. Interview.
Bonjour monsieur le directeur général, pourquoi avez-vous quitté votre poste de Directeur Général Royal Airways ? Nous avons appris sur la toile que vous été limogé ?
Brahim Guihini Dadi : Comme je l’avais souligné dans mon annonce relative à mon départ de la compagnie, je tiens à rappeler que c’était le 2 mars 2023 que j’ai été appelé à la tête de la compagnie naissante à l’époque pour poursuivre sa certification auprès de l’Autorité de l’Aviation Civile puis lancer son exploitation aérienne. Après un travail d’arrache-pied avec mon équipe « projet », le Certificat de Transporteur Aérien (appelé CTA) nous a été délivré le 24 juillet 2023.
Les opérations ont effectivement lancé le 21 novembre 2023, précédées d’un vol inaugural intervenu le 7 novembre 2023. Jusqu’au mois de mai 2024, nous avons assuré précisément 117 vols domestiques à destination de cinq aéroports de l’intérieur et transporté plus de 5 889 passagers.
Étant fonctionnaire de l’ASECNA en position de détachement et estimant avoir rempli ma mission que l’on m’a confiée – l’oiseau vole à présent de ses propres ailes. J’ai demandé depuis février 2024 au PCA de la compagnie mon intention de rejoindre la maison mère (ASECNA) où je totalise près de 20 ans d’ancienneté. En mai 2024, un DGA a été nommé et nous avons passé le service.
J’ai été éperdument surpris de lire ce grossier montage d’une page Facebook d’un scénario facétieux qui n’est sorti que de l’imagination de l’auteur. La règle basique en journalisme exige que lorsqu’on gère un organe de presse, il faut se rapprocher de la source pour établir l’équilibre de l’information. Ni moi-même ni la compagnie n’a été contacté pour connaître la vérité.
Comme le but est autre que d’informer, l’auteur de l’article a échafaudé honteusement son scénario et l’a balancé. Avec Royal Airways ainsi que ses dirigeants, nous sommes séparés sur de très bons rapports avec à l’appui une lettre de félicitations qui m’a été adressée par le Président du Conseil d’Administration. Nous gardons d’excellentes relations qui avaient été nouées grâce à l’ambition que nous avons de lancer une compagnie prospère au Tchad.
Donc ce n’était pas à cause de l’opinion politique de votre épouse que vous avez été démis de votre fonction ?
Brahim Guihini Dadi : Rien de plus faux. Certes, j’ai été par le passé démis de mes fonctions, deux fois à l’ADAC. Mais cette fois-ci je ne l’ai pas été. J’ai fini ma mission à Royal Airways et nous avons mis terme à mon contrat. Aussi, le Tchad n’est-il pas un pays démocratique qui vient de sortir d’une période de transition par l’organisation des élections présidentielles démocratiques ? La démocratie c’est la pluralité d’opinion. Même dans le cas où la femme a une opinion différente de celle de son mari ou du parti au pouvoir, je ne pense pas que cela soit aux yeux du Chef de l’Etat, garant de la Constitution, un crime de lèse-majesté qui nécessite qu’on limoge de la direction d’une société privée un citoyen qui se trouve être l’époux de cette dame ? Vous ne voyez pas que c’est tordu ? C’est juste un mensonge et un prétexte pour dénigrer comme d’habitude notre démocratie et le régime en place.
Quels sont vos souhaits pour le secteur de l’aviation civile au Tchad ?
Brahim Guihini Dadi : Notre pays est encore fragile. Il a besoin des efforts et contributions de toutes ses filles et tous ses fils. Notre pays jouit également d’une position géostratégique extraordinaire qui fait du Tchad le hub idéal et naturel. Nous pouvons avoir la plus prospère et efficace compagnie aérienne. Partout où je me trouverai, je lèverai un œil vers le ciel pour voir un avion de Royal Airways immatriculé TT passer. Ce sera toute ma fierté qui fera vibrer ma fibre patriotique.
Mahamat Adoum Issa