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Impact de l’influence occidentale sur l’économie et le développement dans les pays du Sahel

En coopération avec The International Research Institute for Advanced Systems (IRIAS) (l’Institut International de Recherche sur les Systèmes Avancés (IRIAS) de Moscou (Russie), le Centre Africain des Recherches et Études Stratégiques (ACRESS), a organisé un symposium sous le thème : « Impact de l’influence occidentale sur l’économie et le développement dans les pays du Sahel  » le dimanche 25 août 2024, à l’hôtel Pyramisa, au Caire.

Un grand nombre de diplomates représentant des pays africains en Égypte, dont les ambassades du Niger, du Burkina Faso, du Liberia, de la Tanzanie, du Cameroun, de la Mauritanie, de la Russie et des États-Unis d’Amérique (USA), ont pris part au symposium, ainsi que le professeur Tarek Wafik, ancien ministre Égyptien du Logement et des Communautés Urbaines.

Des représentants de l’Association des jeunes tchadiens pour le développement social et économique (AJDST) à N’Djamena au Tchad, ainsi que des professeurs et des experts spécialisés dans les affaires africaines, en sciences politiques, en économie et en linguistique africaine, issus des universités égyptiennes et soudanaises, étaient également présents.

Le symposium a également réuni des chefs de communautés africaines et des étudiants résidant en Égypte originaires de pays comme le Mali, le Niger, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, les Comores, le Bénin, le Burkina Faso, le Tchad, la Gambie, la Guinée-Conakry, la Mauritanie, le Soudan et le Sénégal.

Les chercheurs en master et en doctorat, intéressés par les affaires africaines et issus de diverses universités égyptiennes, ont également tenu à assister au symposium.Les différents médias, qu’ils soient audiovisuels ou électroniques, ont couvert le symposium tant en Égypte qu’à l’étranger.

Le symposium, qui a duré quatre heures, a été divisé en trois sessions afin d’aborder la question de la dépendance monétaire des pays du Sahel ainsi que l’impact du franc CFA sur la croissance économique et le développement de cette région.Les discussions ont également porté sur le rôle attendu de la Russie dans les pays du Sahel, avec la participation d’experts venant de divers pays africains ainsi que de Russie.

Pour sa part, la directrice du Centre Africain des Recherche et Etudes Stratégiques (ACRESS), Dr Ghada Fouad, a souligné l’importance de discuter de ces questions à ce moment critique, alors que la région connaît de nombreux changements rapides et que les nouveaux régimes souhaitent sortir de la dépendance monétaire et reprendre le contrôle des politiques financières et monétaires des pays du Sahel.

Le professeur Alexander I. Ageev, directeur général de l’Institut International de Recherche sur les Systèmes Avancés (IRIAS) à Moscou, a déclaré qu’il existe de nombreuses opportunités prometteuses dans la région du Sahel grâce aux technologies avancées actuellement disponibles.

Cependant, le défi le plus difficile dans cette région reste le financement, car le monde est confronté à un problème fondamental de financement international lié à l’injustice. Nous avons besoin de nouvelles banques de développement basées sur le multipolarisme, ainsi que de la création de nouveaux systèmes de paiement.

Le Pr. Mohamed Ashour, professeur de Sciences politiques à la faculté des études supérieures africaines de l’Université du Caire, a déclaré que celui qui contrôle le flux monétaire dans nos pays africains contrôle également les voies du développement dans cette région. Il a également mentionné que les problèmes auxquels les pays africains sont actuellement confrontés découlent de trois malédictions qui hantent ces pays depuis leur indépendance.

La première est la malédiction des frontières, héritées par les États africains, qui les obligent à agir dans les limites de ces frontières, lesquelles ne permettent souvent pas aux gouvernements de remplir les fonctions politiques, sociales et économiques de l’État nouvellement indépendant. Une frontière qui était utile à une colonie peut ne pas répondre aux besoins d’un État indépendant qui doit subvenir aux besoins de son peuple.

Cela nous amène à la deuxième malédiction, celle des ressources, qu’il s’agisse de pauvreté ou de prospérité.

Les pays pauvres en ressources n’ont pas été en mesure de remplir leurs obligations ni d’assumer les fonctions habituelles de l’État envers leur population (fonction d’incitation et de coercition). Cela a conduit à la troisième malédiction, celle du clientélisme et de la corruption.

Dans un contexte de faiblesse des ressources et de mauvaise gestion, les ressources sont distribuées à ceux qui sont les plus proches du pouvoir, rendant ainsi le pouvoir une récompense convoitée par différents groupes.

C’est ainsi que les luttes de pouvoir et la compétition pour le contrôle se sont intensifiées.Le Pr. Jonathan Arimo, professeur de relations économiques internationales du Nigéria, et expert au sein de la CEDEAO, a affirmé que l’Afrique est un partenaire économique important.

Nous avons mis en place de nombreuses politiques pour l’unité entre les pays africains, et la Russie est un acteur clé en termes d’influence. Nous devons renforcer notre coopération avec la Russie, mais avant cela, il est essentiel de consolider notre unité et de convenir de l’émission d’une monnaie unique, ce qui est crucial.

Nous, tous ensemble en Afrique et au sein de la CEDEAO, faisons face à des problèmes communs, tels que la dette publique, l’inflation et la dépendance monétaire dans les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Aucun progrès ni développement réel ne sera possible sans nous débarrasser de l’héritage des politiques laissées par les anciens colonisateurs, ce que la CEDEAO s’efforce actuellement de faire.

Le problème de l’assimilation et de l’intégration, instauré par les colonisateurs pour créer des loyautés envers l’ancien colonisateur, affecte également considérablement les économies de nos pays. Nous devons travailler ensemble en tant que pays africains.Nous devons agir librement en tant qu’États indépendants, ayant le droit de collaborer avec des pays en dehors du continent selon les droits établis par la Charte des Nations Unies. Cette coopération avec la Russie pourrait nous aider à atteindre nos objectifs de développement si nous organisons d’abord notre coopération entre nous, en tant que pays africains.

La Russie possède une vaste expérience dans divers domaines.La première session a porté sur la dépendance monétaire des pays du Sahel à travers un article de recherche présenté par M. Mohamed El-Tamawy, membre du conseil d’administration du Centre d’information et de consultation africain de l’Université du Caire.

Le chercheur a analysé l’impact du franc CFA sur les économies des pays du Sahel et leur développement, soulignant comment cette monnaie constitue un obstacle majeur à l’investissement et offre un avantage concurrentiel aux produits des autres pays au détriment des produits locaux sur les marchés du Sahel et au-delà. Un autre sujet abordé au cours de la session a été l’impact des politiques coloniales sur la structure administrative actuelle des gouvernements des pays du Sahel, avec des exemples pris du Niger et du Burkina Faso.

M. Siaka Coulibaly, analyste politique du Burkina Faso, a expliqué que les pays du Sahel ont subi plusieurs formes de dépendance en raison du colonialisme français, notamment économique et militaire. Actuellement, dans la fédération établie entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, nous cherchons à mettre fin à cette dépendance et à résoudre les problèmes enracinés depuis l’époque coloniale, car ils continuent d’affecter la gouvernance de nos pays.

Bien que la domination et l’influence françaises persistent, la différence est qu’après l’indépendance, les Français ont été remplacés par des individus loyaux envers eux, issus de nos propres pays, pour garantir le maintien du contrôle sur les populations et pour que nos ressources restent à leur service, à travers une élite créée par les colonisateurs avant l’indépendance et placée en position dominante.

Cette élite s’est alliée avec des groupes armés non officiels et des réseaux d’intérêts extérieurs dont le but principal est de stopper tout développement ou progrès que nous tentons de réaliser dans nos pays.

Nous cherchons maintenant à diversifier nos relations internationales sous la nouvelle administration pour échapper à cette domination, en établissant des partenariats stratégiques avec la Russie et l’Inde afin de trouver de véritables partenaires capables de soutenir nos plans de développement et de croissance économique.

M. Abou Bakr Haj Mehmen, président de la communauté nigérienne d’Egypte , a affirmé que la politique centralisée dans les administrations gouvernementales et le manque de distribution des pouvoirs et des responsabilités, ainsi que la discrimination et le favoritisme dans l’éducation et les nominations dans la fonction publique, ont toujours été la principale cause de l’incapacité des pays du Sahel, y compris le Niger, à améliorer l’efficacité de leur administration et à répondre à leurs obligations envers leurs citoyens, en particulier en ce qui concerne les nominations gouvernementales et les services fournis aux citoyens. Cela a créé un grand fossé et une crise de confiance entre les gouvernements et leurs citoyens.

La politique et l’adhésion aux partis sont devenues des moyens de gain rapide et d’accroissement de l’influence par le pouvoir.

Il est donc nécessaire de réfléchir à nouveau à la nature de la pratique politique au Niger : est-elle réellement au service des citoyens ou vise-t-elle principalement à satisfaire des intérêts personnels ?La deuxième session a porté sur l’impact des politiques coloniales sur la gouvernance et l’administration au Tchad, à travers l’intervention de M. Ismail Taha, chercheur en affaires africaines à l’Université de N’Djamena.

Il a souligné que la plupart des conflits et des tensions dans la région du Sahel ne sont pas uniquement ethniques comme le décrivent certains chercheurs occidentaux, mais plutôt des luttes pour le pouvoir entre les groupes constituant la société, visant à obtenir des avantages politiques et des positions de pouvoir plus fortes.

Le Dr Ahmed Yaqoub Dabio, expert en résolution de conflits, et directeur du Centre d’études pour le développement et la prévention de l’extrémisme (C.E.D.P.E) au Tchad, a abordé l’impact des politiques coloniales sur les institutions administratives et éducatives, ainsi que leur relation avec l’émergence de l’extrémisme autour du lac Tchad. Il a mentionné que le nombre de victimes tombées à cause du terrorisme actuellement est bien inférieur à celui des victimes pendant la présence des troupes françaises dans la région du Sahel durant la période coloniale.

Il a donc plaidé pour une lutte contre l’extrémisme non seulement par la force mais également par la confrontation idéologique, la correction des idées fausses et surtout la réintégration des anciens membres de groupes extrémistes dans la société, car c’est une des problématiques les plus graves auxquelles nos pays sont confrontés aujourd’hui.

Enfin, M. Omar Ahmed Al-Bastanji, un chercheur jordanien et analyste économique, ainsi qu’un doctorant en économie à la Faculté d’économie et des sciences politiques de l’Université du Caire, a discuté du rôle potentiel de la Russie dans le développement des pays du Sahel, en mettant en avant les intérêts mutuels et les défis économiques. Il a présenté une analyse complète des opportunités d’investissement possibles dans les secteurs variés des pays tels que le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la Mauritanie et le Tchad, en tenant compte des besoins spécifiques de chaque pays.

Le symposium s’est conclu par des recommandations importantes pour traiter les problèmes liés à la dépendance monétaire et à l’impact négatif des politiques coloniales sur les administrations publiques dans la région du Sahel.

Il est à noter qu’un rapport sera publié par les organisateurs du symposium, comprenant tous les documents et recherches discutés durant l’événement.

Il convient de rappeler que ce symposium s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du protocole de coopération établi entre le Centre africain des Recherches et Eudes Stratégiques (ACRESS) et l’Institut International de Recherche sur les Systèmes Avancés (IRIAS) de Moscou (Russie).

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