Les plus violents affrontements intercommunautaires entre éleveurs arabes Choa et pêcheurs et agriculteurs Mousgoum jamais enregistrés à ce jour ont débuté le 10 août dernier à Missiska, dans l’arrondissement de Logone Birni, région de l’Extrême-Nord du Cameroun.
Ils ont causé la mort de 32 personnes et fait 74 blessés.
Selon les autorités tchadiennes, ces violences ont forcé 11 000 personnes des deux groupes à traverser la frontière, située à proximité de leurs villages d’origine, pour trouver refuge au Tchad. Environ 85% d’entre eux sont des femmes et des enfants et la plupart des hommes sont des personnes âgées.
De plus, 7 300 personnes se sont déplacées à l’intérieur des frontières camerounaises, dans le département du Logone et Chari, région de l’Extrême-Nord.
« Le HCR, l’Agence des Nation Unies pour les réfugiés appelle les gouvernements concernés à tout mettre en œuvre pour réduire les tensions intercommunautaires à l’origine de ce déplacement de populations et à assurer la sécurité des personnes contraintes de fuir », a affirmé Millicent Mutuli, la directrice du Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre du HCR.
19 villages incendiés
Certains déplacés forcés Camerounais ont affirmé aux équipes du HCR au Tchad qu’ils ont été victimes d’attaques ciblées. Ils disent que leurs maisons ont été brulés et leurs biens détruits. Au total, 19 villages auraient été incendiés.
Au Cameroun, les autorités locales de l’Extrême-Nord travaillent à rétablir le calme et apportent de l’aide aux victimes.
Au Tchad, les nouveaux arrivés ont un besoin urgent d’abris, d’autant plus en cette période de saison des pluies. Beaucoup dorment sous des arbres, certains ont trouvé refuge dans les écoles ou des familles d’accueil. Le HCR et ses partenaires locaux et internationaux ont travaillé en étroite collaboration avec les autorités du Tchad pour leur venir en aide.
« Il y a un besoin urgent d’abris temporaires car la plupart des nouveaux arrivants sont des femmes et des enfants exposés à un large éventail de risques de protection », a déclaré Iris Blom, Représentante adjointe du HCR au Tchad. « Nos équipes construisent des hangars pour leur fournir un endroit sûr où dormir et pour organiser des activités communautaires pour les enfants. » Des objets de première nécessité et des repas chauds ont été distribués mais les besoins en nourriture et en eau restent pressants.
Les opérations d’enregistrement préliminaire des demandeurs d’asile ont commencé. L’accès aux villages d’accueil, qui se trouvent dans des zones reculées hors de toute couverture téléphonique, est rendu encore plus difficile par les pluies qui détériorent l’état des routes.
Les affrontements entre éleveurs arabe Choa d’un côté, et pêcheurs et agriculteurs Mousgoum de l’autre, ont été causées par des tensions autour des ressources agricoles, halieutiques et pastorales.
Le plus grave événement de ce type enregistré auparavant remonte à 2019 et avait causé la mort d’une personne. Les localités de départ sont séparées des villages d’arrivée de Houndouma et Ngamal au Tchad par le fleuve Logone qui fait environ 350 mètres de largeur dans cette zone.
Au 1er août, les opérations du HCR au Tchad et au Cameroun restent gravement sous-financée, avec respectivement seulement 43% et 44% des leurs besoins financiers pour 2021 couverts. Le Tchad accueille déjà 510 000 réfugiés et le Cameroun 450 000. Des fonds supplémentaires sont nécessaires de toute urgence pour répondre aux besoins des personnes déplacées de force dans ces deux pays.
HCR-Tchad